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Elle pousse un farouche et long rugissement
De honte, de douleur… Ah ! fût-ce un seul moment
Le désert ! le désert ! la liberté sauvage,
Sur le sable brûlant la lutte et le carnage,
L’ennemi terrassé qu’on emporte à grands bonds
Sous les palmiers, au sein des oasis profonds,
Et qu’on jette aux petits, futurs tyrans des jongles,
Comme un hochet sanglant pour y faire leurs ongles !

Ô lionne ! rugis ! mords ! frappe ! — Ton courroux
Est juste, et celui-là mérite bien tes coups
Et le déchirement de ta griffe irritée
Qui vient, lâche insulteur d’une force matée,
Puisant sa hardiesse en son impunité !
Insulter au repos de ta captivité !
Certes, l’injure est grande et vaut bien qu’on s’en fâche !

Et toi, toi, l’insulteur, homme, être faible et lâche,
Moucheron qu’un seul coup de patte briserait,
Réponds ! Ce que tu fis sans crainte et sans regret
— Car je te vois sourire à sa noble colère —