Page:Normand - À tire-d’aile, 1878.djvu/257

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Non, cependant : il est tranquille ;
Debout dans la charrette vile
Il n’a pas un instant frémi ;
Et sa bouche, loin de maudire,
S’éclaire d’un vague sourire,
Et son œil se voile à demi.

Qu’est-ce donc ? ah ! c’est un beau rêve
Qui le ravit et qui l’enlève
À son martyre d’ici-bas !
Que lui fait ce peuple en délire
Qui se lève pour le maudire ?
Il ne voit pas, il n’entend pas.

Oh ! comme il laisse sa pensée
S’élancer, mollement bercée
Sur les ailes du rêve d’or,
Et, dans l’illusion profonde,
Voler en plein ciel, loin du monde,
Monter plus haut, plus haut encor !