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Ô longue et pénible l’absence
Quand au bout n’est pas le retour !
Quand envolée est l’espérance,
Et que le jour succède au jour
Et la souffrance à la souffrance !
Quand jamais un rayon n’a lui
Au cœur que la peine dévore ;
Quand aujourd’hui, c’est hier encore !
Quand demain doit être aujourd’hui !
Or Tristan, l’âme consumée
Dans l’ennui d’un exil amer,
Un soir qu’il regardait la mer
Par le couchant tout enflammée,
En pensant à sa bien-aimée
Eut un sourire triste et doux,
Et mourut. — Eh quoi ! direz-vous,
Mourir comme cela, sans cause,
Sans nul mal que la Faculté
Ait bien et dûment constaté,
Anévrisme, fièvre ou névrose ?
Mourir ainsi, rien que d’amour ?