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Ce n’était donc qu’un rêve. Un placide sourire

Tel qu’après la tempête un rayon de soleil
De notre bon prieur dore le teint vermeil.
Adieu le froid, la faim, effroyable martyre !
Adieu l’affreux pain noir ! Il se frotte les yeux,
Se met sur son séant, et retire, joyeux,
Le poisson frétillant, capture inespérée :
Puis, en le détachant, d’un tranquille regard
Embrasse tout autour la campagne dorée,
Les moutons par les prés pâturant au hasard,
La rivière, fuyant sous les arceaux des branches,
Et dans le fond, avec ses deux tourelles blanches,
Le bon, le cher couvent, que pendant un instant
On avait cru perdu, que l’on regrettait tant !

À ce riant tableau, plein de calme et de joie,
Il se sentit le cœur de tout point rassuré,
Et portant fièrement sa mirifique proie,
Le gras prieur rentra dans son gras prieuré.