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Joyeux coups de soleil sortis de la bouteille ;
Son quadruple menton, ses petits cheveux roux
Encadrant carrément sa face bien rasée,
Et ce contentement mystérieux et doux
Qui fait les yeux plus clairs et la chair plus rosée !
En te voyant ainsi qui ne t’eût admiré
Ô gras prieur, honneur de ton gras prieuré ?

Pour moi, j’eusse admiré ta patience insigne.
Depuis cinq grands quarts d’heure à sa place rivé,
Notre digne prieur n’avait pas relevé
Même pour un instant, le bâton de sa ligne ;
Pas le moindre goujon qui vînt s’aventurer
Autour de son bouchon : les poissons hérétiques
Avec une constance à s’en désespérer
Fuyaient obstinément les appâts monastiques.
Aussi, du front rêveur du pêcheur malheureux,
Le sommeil, voltigeant avec l’ombre des branches,
Se mit tout doucement à glisser sur ses yeux :
Le digne prieur vit dans des ténèbres blanches
S’estomper le tableau devant lui déroulé :