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« Par mon chef ! tu n’es pas des nôtres, que je sache !… »
Dit Roland qui s’éveille : et comme d’une hache
Il frappe le païen de son grand olifant,
Brise son heaume d’or, sa naselle, lui fend
Le front jusqu’au menton, fait voler ses dents blanches,
Puis dit : « C’est un peu tôt réclamer vos revanches,
« Païens ! Roland vivant a su vous faire peur :
« Craignez encor le bras de Roland qui se meurt ! »
Et le bon chevalier se lève, et de colère,
Frappe avec Durandal dix coups sur une pierre…

L’acier, mordant le roc, grince, mais ne rompt pas.

Le comte alors serrant l’épée entre ses bras :
« Ô bonne Durandal ! ô ma fidèle amie !
« Avec mon Empereur, toi qui faisais ma vie,
« Je voudrais te défendre encore, et je ne puis !…
« Nous allons nous quitter, ma mie : ils sont enfuis
« Les temps où dans le flot des mouvantes mêlées
« Nous moissonnions tous deux les têtes par volées,
« Ayant pour ennemis, à toute heure, en tout lieu,