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Le soleil, se couchant dans un nimbe de flammes,
Lançait obliquement sur la crête des lames
Les sanglantes clartés de ses derniers rayons ;
On entendait gronder la tempête lointaine ;
Et d’un vol de hérons la sinueuse chaîne
Déroulait dans les airs ses légers bataillons.

À l’avant, seul, assis sur un rouleau de câbles,
Je regarde, rêveur, ces côtes redoutables,
Ces récifs à fleur d’eau, ces grottes, ces îlots ;
Ce détroit, traversé par des courants contraires,
Où vécut autrefois un peuple de corsaires
Légers comme les vents, rudes comme les flots.

Ô Morven ! ô pays que la voix vénérée
Du divin Ossian à la lyre dorée
Célébra dans des vers pleins de mâles accords,
Je vois se découper, sur le brouillard qui tombe,
Tes rochers dénudés, majestueuse tombe
Où dorment les héros immolés sur tes bords.