Page:Normand - À tire-d’aile, 1878.djvu/195

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quand sa bouche rieuse a lancé deux paroles
À quelque autre berger aussitôt oublié ;
Quand Zéphyr de son cou baise les boucles folles ;
Quand le gazon frémit au contact de son pied ;
Quand Apollon vainqueur de sa chaude lumière
Effleure ses bras nus, son front toujours songeant ;
Quand Phœbé la caresse et l’enveloppe entière
Dans la fluidité de ses rayons d’argent…
C’est alors, ô Chrysas, qu’éclate ma torture,
Alors que je voudrais, ne fût-ce qu’un seul jour,
Seul avec elle, et loin de toute la nature,
Dans un monde inconnu vivre et mourir d’amour !

CHRYSAS.

Comme ta Lœtoris, ma blonde fiancée
A dansé bien souvent dans les bois consacrés ;
Phœbé de ses rayons l’a souvent caressée,
Et Zéphyr a baisé ses cheveux adorés.
De ses yeux bleu d’azur la flamme douce et pure
Sur un autre berger a pu se diriger,
Cependant le soupçon jamais ne me torture