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Et sous le fin tissu bondir son jeune sein.
Jamais Pâris, fuyant vers la rive troyenne,
Ne vit plus de douceur, de charmes, de beautés,
Et jamais sur ses yeux les yeux de son Hélène
Avec plus de langueur ne se sont arrêtés.
Ainsi je regardais danser ma bien-aimée…
Quand soudain, sans raison, je songeai que ces bras,
Que ce front rayonnant, cette haleine embaumée,
Tout ce corps de seize ans aux timides appas,
Cet ensemble parfait de grâce et d’harmonie,
Pouvaient appartenir à quelque heureux rival ;
Un seul moment mon cœur douta de mon amie,
Un seul… et depuis lors, depuis ce soir fatal,
Je ne puis oublier cette affreuse pensée,
Avec la confiance est parti le bonheur
Le doute tient mon âme à jamais oppressée :
Chrysas, grande est ma peine et grande ma douleur !
Et je l’aime pourtant ma vierge de Tarente,
Je l’ai toujours aimée et ne saurais changer :
Mais quand de ses yeux noirs la flamme pénétrante
Sur un autre que moi vient à se diriger,