était cachée, mais nous pensions du moins voir leur visage. Voilà qu’en nous approchant, celui-ci n’est plus qu’un masque. Le monde extérieur, que nous montre Einstein, n’est rien qu’un bal travesti, et par une ironie décevante, c’est nous-mêmes qui avons fabriqué les loups de velours aux reflets changeants, les costumes papillotants.
Loin de nous révéler la réalité, l’espace et le temps ne sont, selon Einstein, que des voiles mouvants, tissés par nous-mêmes, et qui la cachent à nos yeux. Et pourtant, chose étrange et mélancolique, nous ne pouvons pas plus concevoir le monde sans le temps et l’espace que nous ne pouvons observer certains microbes au microscope sans les injecter de matières colorantes.
Le temps et l’espace ne sont-ils donc que des hallucinations ? Et alors, que reste-t-il ?
Eh bien ! non. Car voici qu’après avoir détruit les ruines branlantes, la doctrine relativiste va soudain reconstruire. Voici que, derrière les voiles déchirés et foulés aux pieds, va surgir une réalité plus neuve, plus subtile.
Si nous décrivons l’univers à la manière habituelle, séparément dans les catégories du temps et de l’espace, nous voyons que son aspect dépend de l’observateur. Il n’en est heureusement pas de même lorsqu’on le décrit dans la catégorie unique de ce continuum à quatre dimensions où Einstein situe les phénomènes et où le temps et l’espace unis sont étroitement solidaires.