angle de plus en plus aigu. L’espace et le temps ne sont donc que des effets changeants de perspective.
Pouvons-nous concevoir l’espace à quatre dimensions, c’est-à-dire pouvons-nous en imaginer une représentation sensible ? Si non, cela ne prouvera rien contre la réalité de cet espace. Pendant des siècles on n’a pas conçu les ondes hertziennes et aujourd’hui encore elles ne nous sont pas directement sensibles. En existent-elles moins ? En vérité, nous ne concevons déjà que difficilement l’espace à trois dimensions. Sans nos déplacements musculaires nous l’ignorerions. Un homme paralysé et borgne, c’est-à-dire n’ayant pas la sensation du relief que donne la vision binoculaire, — qui est, elle aussi, avant tout, un tâtonnement musculaire, — verrait de son œil unique et immobile tous les objets projetés dans un même plan, comme sur une toile de fond au théâtre. L’espace à trois dimensions lui serait inaccessible.
Je crois que certaines personnes peuvent se représenter l’espace à quatre dimensions. Les aspects successifs d’une fleur aux différents âges de sa croissance, du jour où elle n’est qu’un fragile bourgeon vert jusqu’à celui où ses pétales épuisés tombent dolents, et les divers déplacements successifs de sa corolle sous l’influence du vent constituent une image globale de la fleur dans l’espace à quatre dimensions.
Est-il des hommes pouvant d’un seul coup voir tout cet ensemble ? Oui, et notamment, je crois, les bons joueurs d’échecs. Si un grand joueur d’échec joue bien,