Page:Nordmann - Einstein et l’univers, 1921.djvu/76

Cette page a été validée par deux contributeurs.
70
EINSTEIN ET L’UNIVERS.

distance par rapport à cet objet. À cet égard déjà, l’espace dépend du temps ; en outre, l’observateur mesure ce temps avec un chronomètre dont les secondes sont plus ou moins précipitées selon cette vitesse.

Donc définir l’espace sans le temps est impossible. C’est pourquoi on dit maintenant que le temps est la quatrième dimension de l’espace, et que l’espace où nous vivons a quatre dimensions.

Il est curieux que certains bons esprits, dans le passé, en avaient eu l’intuition plus ou moins obscure. C’est ainsi qu’en 1777 Diderot écrivait dans l’Encyclopédie à l’article « Dimension » :

« … J’ai dit plus haut qu’il était impossible de concevoir plus de trois dimensions. Un homme d’esprit de ma connaissance croit qu’on pourrait cependant regarder la durée comme une quatrième dimension et que le produit du temps par la solidité serait, en quelque manière, un produit de quatre dimensions. Cette idée peut être contestée, mais elle a, il me semble, quelque mérite, quand ce ne serait que celui de la nouveauté. »

C’est à coup sûr de l’algèbre qu’est née la première idée d’un espace à plus de trois dimensions. Puisqu’en effet les lignes ou espaces à une dimension sont représentés par des expressions algébriques du premier degré, les surfaces ou espaces à deux dimensions par des formules du second degré, les volumes ou espaces à trois dimensions par des expressions du troisième degré, il était naturel de se demander si les formules du quatrième degré et au delà ne sont pas, elles