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EINSTEIN ET L’UNIVERS.

ce dernier cas était égale à celle de l’obus, il est clair que celui-ci ne la toucherait plus qu’avec une vitesse nulle.

Tout cela va de soi-même, saute aux yeux. C’est pour cela que dans les music-halls les jongleurs peuvent recevoir sur une assiette, sans les casser, des œufs crus tombant de très haut : il leur suffit de donner à l’assiette, au moment du contact, une légère vitesse descendante qui amoindrit d’autant la vitesse du choc. C’est pour cela aussi, que les boxeurs habiles savent, par un léger mouvement, fuir devant le coup de poing, ce qui diminue sa vitesse efficace, tandis qu’au contraire, s’ils vont à sa rencontre, le coup est bien plus dur.

Si les rayons lumineux se comportaient en tout, — comme ils font dans l’expérience de Michelson — de même que nos projectiles, qu’arriverait-il ? Lorsqu’on va très vite à la rencontre d’un rayon lumineux, on devrait trouver que ce rayon a, par rapport à l’observateur, une vitesse accrue, et qu’il a au contraire une vitesse diminuée lorsque l’observateur fuit devant lui. S’il en était ainsi, tout serait simple ; les lois de l’optique seraient les mêmes que celles de la mécanique, aucune contradiction entre elles n’aurait jeté l’émoi dans l’armée paisible des physiciens, et Einstein aurait dû employer ailleurs les ressources de son génie.

Malheureusement, — ou peut-être heureusement, car, après tout, l’imprévu et le mystère seuls donnent du charme à la marche de ce monde, — il n’en est rien.