découvre et établit des rapports. Parfois on remplace ces images, mais les rapports restent vrais s’ils reposent sur des faits bien observés.
Grâce à ce fonds commun de vérité, les théories les plus éphémères ne meurent pas tout entières. Elles se transmettent, comme le flambeau des coureurs antiques, la seule réalité accessible : les lois qui expriment les rapports des choses.
Il arrive aujourd’hui que deux théories tiennent ensemble dans leurs mains jointes le flambeau sacré. La vision einsteinienne et la vision newtonienne du monde en sont deux reflets véridiques. Ainsi les deux images polarisées en sens contraire, que le spath d’Islande nous montre à travers son étrange cristal, participent toutes deux de la lumière du même objet.
Tragiquement isolé, prisonnier de son « moi », l’homme a fait un effort désespéré pour « sauter par-dessus son ombre », pour étreindre le monde extérieur. De cet effort a jailli la Science dont les antennes merveilleuses prolongent subtilement nos sensations. Ainsi nous avons approché par endroits les brillantes parures de la réalité. Mais, à côté du mystère rémanent, les choses qu’on sait sont aussi petites que les étoiles du Ciel par rapport à l’abîme où elles flottent.
Einstein au fond de l’inconnu nous a dévoilé des clartés nouvelles.
Il est, et restera un des phares de la pensée humaine.