de mouvements variés quelconques, s’il est par exemple un ivrogne, un ivrogne merveilleux capable de tituber à des vitesses prodigieuses. Pour cet ivrogne, la rue qu’il parcourt aura un aspect tout nouveau. Les becs de gaz ne lui paraîtront plus droits, mais gondolés en zigzags qui reproduiront, en sens inverse, les zigzags qu’il décrit en titubant. Cela est si vrai que les caricaturistes ont l’habitude de représenter en lignes follement sinueuses les arbres, lampadaires et maisons vues par un ivrogne.
Notre homme sera d’ailleurs persuadé que les objets ont bien réellement la forme zigzagante qu’il leur voit, et que cette forme change à chacun de ses pas. Essayez de le persuader que c’est lui qui danse et non pas les réverbères ; essayez de lui montrer que c’est lui qui ne marche pas droit et non le chien qu’il tient… ou plutôt qui le tient en laisse. Il n’en croira rien, et ma foi, du point de vue de la relativité généralisée, il aura raison ni plus ni moins que vous.
Pourtant il y a quelque chose qui, dans l’aspect du monde doit rester commun à l’ivrogne et au buveur d’eau.
Si l’Univers tout entier était soudain noyé dans une masse de gélatine qui se prenne en gelée, et que l’on torde, comprime, déforme d’une manière quelconque cette masse gélatineuse, il y aurait quelque chose qui resterait pourtant inaltéré dans ce coagulum. Quel est ce quelque chose, quel est le calcul qu’il faut lui appliquer ? La réponse à ces questions constituait la der-