Page:Nordmann - Einstein et l’univers, 1921.djvu/123

Cette page a été validée par deux contributeurs.
117
LA RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE.

Cette affirmation qu’un objet abandonné librement à lui-même et soustrait à l’action de toute force garde sa vitesse et sa direction, ce principe d’inertie ne peut prétendre à être autre chose qu’une vérité d’expérience.

Or les observations qui servent de base à ce principe, celles de Galilée en particulier, et toutes celles que les physiciens pourraient imaginer, ne sauraient être parfaitement démonstratives, parce qu’il est impossible, dans la pratique, de soustraire complètement un mobile à l’action de toute force extérieure, résistance de l’air, frottement ou autre.

Je sais bien que Newton a fondé ce principe non pas seulement sur les observations terrestres, mais sur celles des astres. Il a remarqué que, abstraction faite de l’action attirante des autres corps célestes, et pour autant qu’il est possible d’en juger, les planètes semblent conserver leur direction et leur vitesse par rapport à la voûte étoilée. Mais, les relativistes pensent que les mots sou­ lignés dans la phrase précédente, et qui correspondent à la pensée de Newton, constituent une pétition de principe. Son raisonnement présuppose que les planètes ne circulent pas librement, qu’elles sont contraintes dans leur mouvement par une force que Newton a appelée attraction universelle.

Nous verrons comment Einstein a été amené à penser que celle-ci n’est peut-être pas une force, et alors