et il s’est fait lui-même les blessures, afin de devenir un moment le centre de l’attention publique. Aux degrés moindres de l’hystérie, ce besoin d’attirer l’attention revêt des formes plus innocentes. Il se manifeste par des excentricités de costume et de conduite. « D’autres hystériques adorent les couleurs voyantes, les objets excentriques, aiment attirer le regard et faire parler d’eux [1] ».
Il n’est pas nécessaire, je pense, de faire remarquer spécialement au lecteur combien ce portrait clinique de l’hystérique répond à la description des singularités « fin de siècle », et comment nous y rencontrons tous les traits que nous a fait connaître l’observation des phénomènes de l’époque, particulièrement la rage d’imiter, à l’extérieur, dans le vêtement, l’attitude, le port de la chevelure et de la barbe, des figures de tableaux anciens et nouveaux, et l’effort fiévreux pour attirer l’attention, par n’importe quelle étrangeté, et faire parler de soi. L’examen des dégénérés et des hystériques déclarés, dont l’état a rendu nécessaire le traitement médical, nous donne aussi la clef de détails secondaires des modes du jour. La fureur de collectionner des contemporains, l’entassement, dans les demeures, d’un bric-à-brac sans but qui n’en devient ni plus utile ni plus beau pour être baptisé du nom tendre de « bibelots », nous apparaissent sous un jour tout nouveau, quand nous savons que Magnan a constaté chez les dégénérés un instinct irrésistible d’acquérir des babioles inutiles. Cet instinct est si accusé et si particulier, que Magnan le déclare un stigmate de dégénérescence et a
- ↑ Legrain, op. cit., p. 30.