ment, est incomplète, l’autre restant parfaite[1] ». La personnalité consciente a la tâche ingrate d’inventer des motifs pour les actes de l’inconsciente. C’est comme dans le jeu connu, où une personne fait les gestes et où une autre dit les paroles correspondantes. Chez le dégénéré déséquilibré, la conscience assume le rôle d’une mère quelque peu simiesque qui sait trouver des excuses pour les sots et méchants tours d’un enfant malappris. La personnalité inconsciente commet des folies et des méfaits, et la consciente, qui reste là impuissante et ne peut les empêcher, cherche à les pallier par toutes sortes de prétextes.
La cause du mouvement néo-catholique n’est donc pas que la jeunesse ait à reprocher quelque chose à la science ou à se plaindre d’elle d’une façon quelconque. MM. de Vogüé, Rod, Desjardins, Paulhan, qui assignent une pareille base au mysticisme des symbolistes, lui attribuent arbitrairement une origine qu’il n’a pas. Celle-ci est exclusivement imputable à l’état de dégénérescence des inventeurs de cette tendance. Le néo-catholicisme a sa racine dans l’émotivité et le mysticisme, ces deux stigmates les plus fréquents et les plus caractéristiques des dégénérés.
Qu’en France aussi, dans le pays de Voltaire, le mysticisme des dégénérés ait revêtu fréquemment la forme de la ferveur religieuse, cela peut, au premier abord, sembler étrange ; mais l’examen des conditions politiques et sociales du peuple français pendant les dernières périodes décennales rendra la chose compréhensible.
- ↑ Paul Janet, L’Hystérie et l’Hypnotisme d’après la théorie de la double personnalité. Revue scientifique, 1888, 1er volume, Pg. 616.