attacher qu’à la signification, ses signes, nous les nommons les lettres ; et l’art qui se sert de ces symboles pour l’expression de processus intellectuels n’est pas la peinture, mais la poésie. Originairement, il est vrai, le tableau était un moyen de rendre sensibles les idées, et sa valeur esthétique ne venait qu’en second lieu, après sa valeur comme transmetteur de notions ; d’autre part, aujourd’hui encore, les impressions esthétiques jouent même dans notre écriture un rôle discret, et, tout contenu mis à part, une belle écriture produit un effet plus agréable qu’une laide. Mais déjà, aux commencements de son développement, la peinture qui ne devait que satisfaire des besoins esthétiques, se sépara de l’écriture qui sert à rendre sensibles les idées ; la peinture enfanta l’hiéroglyphe, l’écriture démotique, la lettre, et il était réservé à Ruskin de vouloir supprimer une distinction qu’avaient déjà su faire, six mille ans avant lui, les scribes de Thèbes.
Les préraphaélites allèrent plus loin que Ruskin, auquel ils avaient emprunté toutes leurs idées directrices. Ils entendirent mal son malentendu. Il avait seulement dit que la défectuosité de la forme peut être rachetée par la force et le noble sentiment de l’artiste. Mais, eux, ils établirent directement en principe que l’artiste, pour exprimer un noble sentiment et la ferveur, doit être défectueux dans la forme. Incapables, comme tous les faibles d’esprit, d’observer et de se rendre clairement compte des faits, ils ne discernèrent pas les vraies causes de l’effet exercé sur eux par les « primitifs » . Les tableaux de ceux-ci les touchaient et les émouvaient ; ce qui les distinguait avant tout des tableaux d’autres peintres qui