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vainqueur de Pultawa, fidèle à la fraternité des armes, ne laissait point sacrifier entièrement l’allié qui avait conduit au service de sa gloire la vaillance polonaise. Il lui donnait a gouverner la petite principauté de Deux-Ponts, sur la rive droite du Rhin, rattachée momentanément à la couronne de Suède ; il lui permettait ainsi d’attendre l’heure ou ils rentreraient ensemble dans Varsovie et reprendraient a l’usurpateur le sceptre des Jagellons.

La mort de son protecteur ruinait bientôt les espérances de l’exilé et celles du parti qui le soutenait encore en Pologne. Une prompte détresse suivait ce malheur ; Leczinski devait abandonner Deux-Ponts, réclamé par l’héritier légitime, et la sœur de Charles XII, devenue reine de Suède, cessait de lui servir sa pension. Il vivait quelque temps de secours plus ou moins déguisés et d’emprunts aux banques de Francfort. Mais son existence même n’était pas en sûreté : les agents du roi Auguste, qui avaient tenté a plusieurs reprises de l’enlever ou de le tuer, recommençaient leurs complots avec des facilités nouvelles. Il fallait trouver a tout prix un asile. La place française de Landau le recevait en fugitif, avec