Page:Noel - Le Rabelais de poche, 1860.djvu/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.

chastement, vertueusement, en votre ménage, comme voulez que de son côté elle vive. Car comme le miroir est dit bon et parfait, non celui qui plus est orné de dorures et pierreries, mais celui qui véritablement représente les formes objectées, aussi la femme qu’on doit le plus estimer n’est pas celle qui serait riche, belle, élégante, issue de noble race, mais celle qui plus s’efforce avec Dieu se former en bonnes grâces et se conformer aux mœurs de son mari. Voyez comment la Lune ne prend lumière ni de Mercure, ni de Jupiter, ni de Mars, ni d’aucune autre planète ou étoile qui soit au ciel ; elle n’en reçoit que du Soleil son mari, et de lui n’en reçoit point plus qu’il ne lui en donne par son infusion et aspect. Ainsi serez-vous à votre femme en patron et exemplaire de vertus et honnêteté, et continuellement implorerez la grâce de Dieu à votre protection.

— Vous voulez donc, dit Panurge filant ses moustaches, que j’épouse la femme forte décrite par Salomon ? Elle est morte. Je ne la vis onc, que je sache. Dieu me le veuille