Page:Noel - Le Rabelais de poche, 1860.djvu/66

Cette page a été validée par deux contributeurs.

que de réconforter Panurge d’avance contre tous les malheurs possibles en ménage. Mais cela ne peut suffire au pauvre châtelain qui a la puce en l’oreille. On fait assemblée d’un théologien, d’un médecin, d’un légiste et d’un philosophe. Panurge, en profonde révérence, dit : — Messieurs, il n’est question que d’un mot : me dois-je marier ou non ?

Le père Hippothadée, le théologien, sur l’invitation de Pantagruel, répondit en modestie incroyable : — Mon ami, vous nous demandez conseil, mais d’abord il faut que vous-même vous vous conseilliez. Sentez-vous importunément en votre corps les aiguillons de la chair ?

— Bien fort, répondit Panurge, ne vous en déplaise, notre père.

— Vraiment non, mon ami, dit Hippothadée. Mais en cet estrif avez-vous de Dieu le don et grâce spéciale de continence ?

— Ma foi non, répondit Panurge.

— Mariez-vous donc, mon ami, dit Hippothadée, car il vaut mieux se marier que de brûler au feu de concupiscence.