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diable, il entend en ce monde ou en l’autre. Mais vraiment, puisque de femme ne me peux passer non plus qu’un aveugle de son bâton, n’est-ce le mieux que je m’associe quelque honnête et prude femme que de changer ainsi de jour en jour, avec continuel danger de quelque coup de bâton ou de quelque pire malencombre ? Car femme de bien onc ne me fut rien, et n’en déplaise à leurs maris.

Mariez-vous donc, de par Dieu, répondit Pantagruel.

— Mais, dit Panurge, si Dieu voulait et s’il advenait que j’épousasse quelque femme de bien et qu’elle me battît, je serais trois fois plus endurci que Job, si je n’enrageais tout vif. Car ces tant femmes de bien ont communément mauvaise tête. Mais je l’aurais encore pire, et lui battrais tant et tant sa petite oie (ce sont bras, jambes, tête, poumon, foie et râtelle), tant lui déchiquetterais ses habillements à coups de bâton, que le diable attendrait son âme à la porte. De ces tabus je me passerais bien pour cette année, et content serais de n’y entrer point.