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giens lui abâtardissent l’entendement ; s’en plaignant un jour à don Philippe des Marays, vice-roi de Papeligosse : — Oui, répond celui-ci, leur savoir n’est que moufles abâtardissant les bons et nobles esprits… Prenez-moi au contraire un de ces jeunes gens du temps présent qui ait seulement étudié deux ans, et voyez vous-même s’il n’aura pas meilleur jugement, meilleures paroles et meilleur maintien que votre fils.

Ainsi fut fait. Ledit des Marays introduit un sien jeune page nommé Eudémon, si proprement vêtu, si bien tenu, et de maintien si honnête qu’il ressemblait plutôt à quelque petit angelot qu’à un homme. Sa conversation était décente, pleine de respect et déjà docte ; mais Gargantua n’a d’autre contenance devant lui que de se cacher le visage de son bonnet et de pleurer comme un veau, ce dont son père fut si courroucé qu’il voulut occire maître Jobelin. Mais sur les remontrances de don Philippe des Marays, il se calma, lui paya ses gages, le fit chopiner théologalement et l’envoya à tous les diables.