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dit spirituel, et l’envoie à tous les membres par ses artères, pour échauffer et éventer l’autre sang des veines. Le poumon ne cesse, avec ses lobes et soufflets, de le rafraîchir. En reconnaissance de ce bien, le cœur lui en départ le meilleur par la veine artérielle. Enfin, il est si bien affiné dans le rets merveilleux que, par après, en sont faits les esprits animaux, moyennant lesquels elle imagine, discourt, juge, résout, délibère, raisonne et se ressouvient. Vertugoi ! je me noie, je me perds, je m’égare, quand j’entre au profond abîme de ce monde ainsi prêtant, ainsi devant. Croyez que prêter est une chose divine et que devoir est vertu héroïque.

Ce n’est pas tout encore. Ce monde prêtant, devant, empruntant, est si bon que, cette alimentation achevée, il pense déjà à prêter à ceux qui ne sont pas encore nés et, par prêt, à se perpétuer, s’il peut, et se multiplier par créatures semblables à lui, ce sont enfants...

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(L. 5, chap. iii et iv.)

— …Par votre beau parler, répondit Pantagruel, vous ne me ferez pourtant entrer en dettes. C’est grande bonté toujours, en tous lieux, d’un chacun emprunter, plutôt que travailler et gagner. On ne doit prêter, selon mon jugement, que lorsque la personne travaillant n’a pu tirer profit de son labeur, ou