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l’un à l’autre prête, l’un à l’autre est débiteur. La matière et substance convenable pour être en sang transformée est baillée par nature : pain et vin… Pour les trouver, préparer et cuire, travaillent les mains, cheminent les pieds… les yeux tout conduisent. L’appétit, en l’orifice de l’estomac, moyennant un peu de mélancolie aigrette qui lui est transmise de la râtelle, l’avertit d’enfourner viande. La langue en fait l’essai, les dents la mâchent, l’estomac la reçoit, digère et chylifie. Les veines mésaraïques en sucent ce qui est bon et idoine, délaissent les excréments (lesquels, par vertu expulsive, sont vidés au dehors par exprès conduits), puis la portent au foie, qui la modifie de nouveau et en fait le sang. Quelle joie alors pensez-vous être parmi ces officiers quand ils ont vu ce ruisseau d’or qui est leur seul restaurant ?…

Alors chaque membre se prépare et s’évertue de nouveau à purifier et affiner ce trésor… puis il est transporté en une autre officine pour être mieux affiné : c’est le cœur, qui, par ses mouvements diastolique et systolique le subtilise et enflamme tellement que, par le ventricule droit, il le met à perfection, et par les veines l’envoie à tous les membres. Chaque membre l’attire à soi, et s’en alimente à sa guise : pieds, mains, yeux, tous ; et alors ils sont emprunteurs, de prêteurs qu’ils étaient auparavant. Par le ventricule gauche il le fait si subtil qu’on le