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meurs, organistes, teinturiers, et autres semblables ouvriers et, partout donnant le vin, ils apprenaient et considéraient l’industrie et invention des métiers.

Ils allaient écouter les leçons publiques, les actes solennels, les répétitions, les déclamations, les plaidoyers des gentils avocats, les discours des prêcheurs évangéliques.

Il passait par les salles et lieux ordonnés pour l’escrime, et là, contre les maîtres, essayait de tous bâtons…

Au lieu d’herboriser, ils visitaient les boutiques des droguistes, herboristes et apothicaires, et soigneusement considéraient les fruits, racines, feuilles, gommes, semences, axonges, et comment ensemble on les adultérait : il allait voir les bateleurs, jongleurs, thériacleurs, considérait leurs gestes, leurs ruses, leurs soubresauts et beau parler…

Rentrés pour souper, ils mangeaient plus sobrement qu’aux autres jours, leur exercice ayant été moins grand.

Cet enseignement, qui dans le commencement lui sembla difficile, lui devint par la suite si doux, si léger et délectable, qu’il ressemblait plutôt à un passe-temps de roi qu’à l’étude d’un écolier. Toutefois Ponocrates, pour le reposer de cette véhémente tension d’esprit, choisissait une fois le mois quelque jour clair et serein où,