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Milon. Avec deux poignards acérés et deux poinçons éprouvés il montait au haut d’une maison comme un rat, puis en redescendait en telle composition des membres que de la chute il n’était aucunement grevé. Il jetait le dard, la barre, la pierre, la javeline, l’épieu, la hallebarde, enfonçait l’arc, bandait les fortes arbalètes de passe, visait de l’arquebuse à l’œil, affûtait le canon, tirait à la butte, au papegai, de bas en haut, de haut en bas, en avant, de côté, en arrière, comme les Parthes.

On lui attachait un câble en quelque haute tour, pendant à terre ; par ce câble, avec ses deux mains, il montait à la tour et en redescendait aussi vite et avec autant d’assurance que vous le pourriez faire en un pré. On lui mettait une grosse perche appuyée à deux arbres ; il s’y pendait par les mains et à l’aide de cette perche allait et venait sans que ses pieds touchassent à rien, et si vite qu’en courant vous ne l’auriez pu suivre.

Et pour s’exercer le thorax et le poumon, il criait comme tous les diables…

Pour assouplir ses nerfs on lui avait fait deux grosses saumones de plomb, pesant chacune huit mille sept cents quintaux… ; il les prenait de terre, une dans chaque main, les élevait en l’air au-dessus de sa tête et les tenait ainsi, sans remuer, trois quarts d’heure et davantage…

Il jouait aux barres avec les plus forts, et, quand c’en