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Cela fait, on apportait des cartes, non pour jouer, mais pour y apprendre mille petites gentillesses et inventions nouvelles, ayant toutes trait à l’arithmétique. Par ce moyen il entra en affection de cette science, et tous les jours après dîner et souper il y passait quelque temps aussi agréablement qu’il le faisait autrefois aux dés ou aux cartes, et il en connut bientôt également la théorie et la pratique… Il y joignit les autres sciences mathématiques, comme géométrie, astronomie et musique… Ils faisaient mille joyeux instruments et figures géométriques, et de même pratiquaient les canons astronomiques. Ils s’ébaudissaient ensuite à chanter musicalement à quatre et cinq parties, ou sur un thème, à plaisir de gorge. Quant aux instruments de musique, il apprit à jouer du luth, de l’épinette, de la harpe, de la flûte, de la viole et de la trompette.

La digestion achevée, il se remettait à son étude principale pendant trois heures ou davantage, tant à répéter la lecture matinale qu’à poursuivre le livre entrepris, à écrire, bien tracer et former les antiques et romaines lettres.

Cela fait, ils quittaient leur hôtel, emmenant avec eux un jeune gentilhomme de Touraine, nommé l’écuyer Gymnaste, qui l’instruisait dans l’art d’équitation. Changeant donc de vêtements, il montait sur un coursier, sur un roussin, sur un genêt, sur un cheval barbe, cheval léger, et lui