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à la table des rois et des seigneurs. Au milieu de cette abondance, trésor des fèves suffisait à toutes choses, retournant la terre, triant les semences, mondant les plants, sarclant, fouissant, serfouant, moissonnant, écossant, et, de surcroît, entretenant soigneusement les haies et les échaliers ; après quoi il employait le temps qui lui restait à recevoir les acheteurs et à régler les marchés ; car il savait lire, écrire et calculer sans avoir appris : c'était une véritable bénédiction.

Une nuit que Trésor des Fèves dormait, le vieux dit à la vieille : « Voilà Trésor des Fèves qui a porté un grand avantage à notre bien, puisqu'il nous a mis en état de passer doucement, sans rien faire, quelques années qui nous restent à vivre encore. En lui donnant par testament l'héritage de tout ceci, nous n'avons fait que lui rendre ce qui lui appartient : mais nous serions ingrats envers cet