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approchaient du délire. Cette incertitude me suivit jusqu’à la ferme, où elle devait cesser.

Mon conducteur m’introduisit dans la chambre de Thérèse, à qui je remis la lettre de son père. Au moment où elle me regarda, mon cœur se remplit : l’univers était complet.

Thérèse avait un peu moins de seize ans.

Ce n’était pas la plus belle des femmes, mais c’était la seule femme qui m’eût fait comprendre le bonheur d’aimer et d’être aimé ; car je le compris d’abord, non sans m’étonner, qu’un sentiment si puissant, si tyrannique, qui absorbait si complètement toutes les facultés de ma vie, eût si