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avec autant de sang-froid que si elles ne te rappelaient pas une époque qui est passée pour ne plus revenir. Moi-même, en me réveillant, j’ai failli céder à cette impression. Je ne te voyais pas ; mais tu me touchais, c’était toi, bien toi, et j’ai oublié l’autre pensée comme une chose étrangère à ma vie. Il y a parmi les créatures de Dieu beaucoup d’êtres qui sentent et qui ne voient pas. Nous ne plaignons cependant pas leur malheur, parce que nous regardons cela comme naturel à leur espèce ; mais un être privé de l’avantage de voir, qui verrait cependant par les yeux d’un être semblable à lui, d’un être qui l’aime et qui en a soin,