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J’éprouvai un mélange inexprimable de douleur et d’ivresse à penser que j’étais couché avec Thérèse, avec Thérèse aveugle et mourante ; je comparais cela aux félicités que je m’étais promises, et je concevais profondément que la vie de l’homme ne peut pas embrasser toute sa destinée. J’étais sûr qu’il manquait beaucoup à la mienne, mais qu’elle ne finissait pas ici, et que Dieu ne m’avait pas donné seulement pour mon supplice une âme qui désirait le bonheur et qui comprenait l’éternité.

Depuis que je pouvais me rendre compte de mes actions, je n’avais jamais négligé de prier ; la nuit était déjà tombée.