Page:Nodier - Smarra ou les démons de la nuit, 1822.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.

aimer un immense besoin de souffrir.

Écoutez cependant. Voilà les chants des jeunes filles de Thessalie, la musique qui monte, qui monte dans l’air, qui émeut, en passant comme une nue harmonieuse, les vitraux solitaires des ruines chères aux poëtes. Écoutez ! Elles embrassent leurs lyres d’ivoire, interrogent les cordes sonores qui répondent une fois, vibrent un moment, s’arrêtent, et, devenues immobiles, prolongent encore je ne sais quelle harmonie sans fin que l’âme entend par tous les sens : mélodie pure comme la plus douce pensée d’une âme heureuse, comme le premier baiser de l’amour avant que l’amour se soit