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Récapitulant ensuite ces fidèles traductions de Goldsmith, de miss Aykin, et de Thomas-Moore, ce Dictionnaire de géographie, et ces nombreux articles scientifiques et historiques qui exigent de profondes connaissances et d’austères travaux, je ne puis me défendre d’établir une comparaison méritée, entre l’auteur de ces savantes productions et Mme  Dacier.

Je sais bien que l’envie, et surtout l’impuissance de produire, s’étonneront de me voir ainsi réunir ces deux beaux noms de Dacier et de Sévigné sur une femme de lettres des temps modernes ; elle-même, j’en suis sûr d’avance, me reprochera ce parallèle ; mais chargé d’esquisser son portrait, j’ai dû peindre tout ce qui s’offrait à mes yeux et parlait à mon imagination. Habitué depuis un demi-siècle à faire une étude approfondie des femmes de tous les rangs, je n’écris que sous la dictée de mon cœur, que d’après ce que j’entends, ce que je vois. Heureux et fier d’avoir rencontré sur la fin de ma carrière tant de qualités réunies dans une seule femme, et cachées sous le voile épais de la modestie la plus constante, j’ose placer dans cette brillante galerie le portrait de Mme  Aragon, comme rappelant à la fois deux femmes célèbres qui honorèrent le siècle de Louis XIV ; et tous ceux qui ont lu les nombreuses productions de cette dame, si remarquable, ceux-là surtout qui connaissent sa vie privée, avoueront, j’ose le croire, que je n’ai fait que retracer fidèlement mon modèle.

BOUILLY.