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bientôt à ma plume, car il faut se restreindre ; et telle est la destinée que la presse quotidienne a faite aux écrivains laborieux et pauvres, qui vivent comme elle au jour le jour, sans avoir en espérance un de ses splendides lendemains. Je ne finirai pas cependant sans rappeler au zèle de nos jeunes et déjà savants éditeurs, le nom d’un des meilleurs prosateurs, d’un des hommes les plus doctes et les plus spirituels du seizième siècle ; génie naturel et fin, qui embrassa tout, qui réussit dans tout, qui rendit populaires les grâces méconnues de la science, en les embellissant des grâces du style, et qui seroit à lui seul en trois langues, l’honneur de trois littératures. Je n’ai presque pas besoin de nommer Henri Estienne. Le plus amusant et le moins instructif de ses livres (je ne parle pas ici du Moyen de parvenir, qui est certainement de lui, et qui n’est que trop réimprimé), l’Apologie pour Hérodote, a été reproduite à assez grand nombre dans l’édition de Leduchat, pour ne pas manquer de long-temps dans les bonnes bibliothèques. Mais qui nous a rendu l’excellent Traité de la conformité du langage françois avec le grec, le Projet du livre de la Précellence du langage françois, celui des Proverbes épigrammatisés, et ces inappréciables Dialogues du langage françois italianizé, qui seront toutefois pour la postérité le seul et curieux monument d’une des révolutions les plus mémorables qui aient jamais été observées dans l’histoire de la parole ? Tous ces volumes indispensables aux études bien faites, sont devenus rares et chers, et on ne réimprime que Tabarin.

Si on vouloit savoir quel intérêt j’attache à cette discussion, dans laquelle je suis à peine entré pour l’indiquer aux bons esprits comme un sujet de méditations utiles, on m’entraîneroit malgré moi au développement d’une pensée que je n’ai eu ni le temps, ni l’intention de développer nulle part, quoique je l’aie mise partout. J’aime mieux vous raconter hors de propos, et en deux mots, une historiette des vieilles annales romaines :

« Quand les patriciens furent informés que les Barba-