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tum, qui est une macaronée pure, et que bien des gens aimeroient mieux avoir faite que toutes les lettres de Balzac. Celle-ci se réduit à ce petit nombre de pages dont se compose ce que nous appelons maintenant un pamphlet, mais c’est le diamant des pamphlets, et quoique les questions dont il traite, sur un ton à la vérité fort grotesque, nous soient devenues tout-à-fait étrangères, depuis qu’elles ont fait place à des questions qui ne leur redoivent rien en absurdité, le seizième siècle ne nous a pas laissé un ouvrage plus amusant à relire. Aussi est-il de Théodore de Bèze, c’est-à-dire de main de maître.

C’est s’arrêter bien long-temps, dira-t-on, sur les monuments d’une langue dont les savants mêmes ne s’occupent plus, et qu’on n’a jamais parlée. J’y souscris, mais sans abdiquer la conviction où je suis qu’elle attend un meilleur chapitre dans l’histoire des lettres modernes. Il ne faut pas trop mépriser la langue macaronique. Je crois avoir démontré une autre fois que les hommes ne sont plus capables d’en faire d’autres ; et même à l’instant où j’écris, il se forme à la face du monde une langue macaronique admise dans l’usage de vingt peuples différents, qui avant trois ou quatre siècles peut-être fera raison de notre prétendue universalité : la Langue Franque.