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sante de la langue latine, celle de ses dérivés et de leurs patois, sans compter celle des anecdotes contemporaines, des proverbes, des idiotismes, et d’une certaine quantité de locutions rares ou vieillies, d’une interprétation difficile. C’est beaucoup par le temps qui court.

On savoit déjà du temps de Naudé que Théophile Folengio n’étoit pas le véritable trouveur du genre macaronique, et ce bibliographe presque infaillible lui oppose une macaronée en vieille lettre publiée sous le nom de Typhis Leonicus. Or, ce Typhis Leonicus est incontestablement le même, et c’est lui qui nous l’apprend, que Typhis Odaxius de Padoue, auteur d’une satyre assez mordante et infiniment rare, sur quelques Padouans qui s’étoient laissé abuser aux prestiges de la magie. Je conviens qu’il ne m’a fallu rien moins que l’autorité de Scardeone, pour me détourner de chercher un masque dans le nom de ce poète, qui signifie en racine grecque, satyrique ou mordant, et dont la rencontre est, dans tous les cas, passablement bizarre. Mais le poète épigrammatique de Bilbilis s’appeloit bien Martial !

Au reste, Alione d’Asti, ou, pour mieux dire, Arione, car il paroît que c’est là son vrai nom, doit être encore un peu antérieur à Odaxius, et si on l’a quelquefois rapproché de notre époque, c’est qu’il a eu certainement un homonyme de sa famille qui a écrit dans le même genre, comme cela s’est vu dans nos Sainte-Marthe et dans nos Chifflet. Ce qu’il y a de plus certain, c’est que tous les deux se sont éclipsés devant Folengio, qui est l’Homère de la poésie macaronique, dont Caesar Ursinus fut plus de cent ans après le Virgile, sous le nom de maître Stopini ; Caesar Ursinus, un des esprits les plus brillans et les plus excentriques du dix-septième siècle, dont je recommande fortement l’article à mon très-savant et très-bon ami M. Weiss, pour le supplément de la Biographie universelle. Après ces quatre-là, on peut se dispenser de parler des autres.

Le plus recommandable comme le plus ancien de nos poètes macaroniques nationaux, est le vieil Arena ou de la Sable, dont les bibliophiles conservent entr’autres écrits pleins de sel et de gaîté, une chronique bouffonne de la dés-