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DE LA MAÇONNERIE
ET
DES BIBLIOTHÈQUES SPÉCIALES.
[PAR M. CH. NODIER.]
PREMIER ARTICLE.


Comme on pourroit chercher, sans le trouver de long-temps, le point de connexion des deux sujets hibrides que je me propose de considérer fort rapidement sous ce double titre, je le ferai connoître en deux mots. Mon habitude n’est pas de procéder par énigmes ; je n’ai pas le moindre avenir dans la politique et dans les sciences.

Il y avait à Paris naguères un honnête et respectable citoyen, nommé André-Joseph-Étienne Lerouge, qui étoit né à Commercy, le 25 avril 1766, et que nous avons eu la douleur de perdre le 26 avril 1833, âgé de soixante-sept ans et un jour. C’étoit un savant laborieux dont les gazettes ont peu parlé, parce qu’il n’appartenoit à aucune des coteries dans les mains desquelles la publicité de la presse est devenue un monopole si lucratif, et qu’il s’occupoit fort obscurément, dans ses loisirs sédentaires, de quelques utiles et consciencieux travaux qui ne mènent à rien. Sa mort nous laisse à regretter d’excellentes Recherches sur les patois lorrains, qu’il n’a pas eu le temps de finir, ouvrage plein de saine instruction, et d’une importance démontrée pour l’histoire de notre langue, qui auroit tout au plus conduit son auteur à l’académie de Commercy.

Heureusement, ou malheureusement, les esprits judicieux finissent toujours par se consoler de leurs illusions perdues par quelques innocentes manies, qui ne sont