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DE
QUELQUES LIVRES SATYRIQUES
ET DE LEUR CLEF.
[PAR M. CH. NODIER.]


S’il est absurde de chercher aux caprices de l’imagination une explication impossible, c’est le propre d’un esprit fin et judicieux d’éclaircir le mystère avoué qu’un auteur laisse à dessein planer sur ses ouvrages, pour exercer la perspicacité de ses lecteurs ou pour déjouer celle de ses ennemis. Il y a des allusions curieuses à découvrir dans Molière et dans Swift comme dans Rabelais, et nous aurions une grande obligation aux anciens de nous avoir communiqué ce qu’ils savoient à cet égard sur Martial, Juvénal et Perse, dont l’intelligence nous paroîtroit bien plus aisée, si nous connoissions mieux les événements et les personnages de leur temps. Je persiste donc à croire qu’un bon recueil de clefs seroit en ce sens aussi important pour l’histoire littéraire qu’amusant pour les bibliophiles.

Ce travail n’offre pas autant de difficultés qu’on se le persuaderoit au premier abord. Il faut beaucoup d’imagination et presque du génie pour se tromper sur les véritables intentions d’un auteur, et pour lui créer hors de l’ensemble et de l’ordre de ses idées, un plan fantastique dont il ne s’est jamais douté lui-même. Pour comprendre le projet qu’il s’étoit proposé, pour saisir les allusions qu’il a voulu faire, il ne faut qu’un peu d’étude et de patience ; et si nous n’avons guères de bonnes élucidations sur les auteurs à compositions symboliques, c’est que le premier de ces deux rôles est plus tentant pour la vanité que le second. Les commentateurs d’un