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gonneur, peintre, pour trois jeux de cartes à or et à diverses couleurs, de plusieurs devises, pour porter devers ledit seigneur (Charles VI), pour son ébattement, LVI sols parisis. » Mais les costumes me paraissent plus analogues aux modes du temps de Charles VII qu’à celles de la cour d’Isabeau de Bavière, qui avait donné le hennin ou bonnet en cœur pour coiffure aux dames. — C’est donc au règne de Charles VII qu’il faut rapporter l’invention des cartes françaises, et du jeu de piquet, imité peut-être du jeu allemand le lansquenet. Les cartes cessèrent alors d’être une redite joyeuse de cette danse macabre, qui revenait sans cesse attrister les regards, et jeter une pensée de deuil parmi tous les plaisirs, cette danse burlesque et terrible, dessinée sur les marges des missels, ciselée sur les manches des poignards, peinte dans les églises, dans les palais, dans les cimetières, rimée chez les poëtes et mise en musique par les ménétriers. Toutefois, la Mort ne disparut pas entièrement du jeu de cartes, qui redevint ce qu’il était d’abord, le jeu de la guerre. Charles VI, par une ordonnance de 1391, avait prohibé, sous peine de dix sous d’amende, tous les jeux qui empêchaient ses sujets de se livrer à l’exercice des armes pour la défense du royaume : Tabularum, paleti, quilliarum, boularum, billarumque ludos et similes quibus subditi nostri ad usum armorum pro defensione nostri regni nullatenus exercentur vel habilantur. Ce fut pour éluder cette ordonnance, que quelqu’un, le brave