Page:Nodier - Dissertations philologiques et bibliographiques.djvu/196

Cette page a été validée par deux contributeurs.

BIBLIOGRAPHIE
DES FOUS.
DE QUELQUES LIVRES EXCENTRIQUES.
[PAR M. CH. NODIER.]


Deuxième article.


Retournons au Charenton du Parnasse ; ou plutôt, pour ne pas effaroucher nos écrivains de l’expectative d’un Panthéon injurieux, ouvrons à leurs ombres fantasques un plus gracieux élysée,

Vanvres que chérit Galatée,


lieux ravissants, frais paysages, délicieux paradis des fous, dont le docteur Falret et le docteur Voisin tiennent la clé, du privilége héréditaire qu’ont tous les enfants d’Esculape de commander dans les jardins d’Apollon : asyle paisible et riant qui fait désirer d’être fou aussi quand on commence à le devenir, et où j’aurai peut-être quelque place à réclamer un jour en ma double qualité d’étymologiste et de bibliomane. Je le proposerois volontiers aujourd’hui à la foule toujours croissante de nos poètes, si l’entrée en étoit gratuite, mais il n’y a plus de poètes riches que les poètes sensés, et ceux-là ne sont pas même assez fous pour être poètes. Les fous de Vanvres sont de fortunés mortels qui avoient assez d’argent pour se passer de raison. Nos fous littéraires n’ont ni raison ni argent : c’est trop de malheurs à la fois.

Un des fous les plus caractérisés du XVIIe siècle est un certain Bernard de Bluet d’Arbères, qui se qualifioit du