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soit de la plupart des prétendues propriétés de son type, mais qui ne réfléchissoit que la folie ! La Quintessence et la Sextessence diallactique de de Mons sont très réellement la quintessence et la sextessence de l’absurde. Aussi ont-elles figuré long-temps parmi les livres précieux et chers, quand l’absurde ne couroit pas les rues. Aujourd’hui je comprendrois facilement qu’elles perdissent un peu du mérite exceptionnel sur lequel leur bizarre fortune s’étoit fondée. La concurrence s’est beaucoup augmentée dans nos jours de perfectionnement : elle a mis l’absurde au rabais.

J’aurois été indigne d’embrasser le plan même de ces chapitres éphémères, causeries sans conséquence que l’on abandonne où l’on veut, si je n’y avois vu de place que pour les quatre fous seigneuriaux dont il est question dans celui-ci, François Columna, Postel, Simon Morin et de Mons. Quoique j’aie promis de me borner, et que j’en sente la nécessité dans une matière si étendue ; quoique j’aie laissé de côté bien des noms plus obscurs encore, et dont la célébrité d’un moment n’a légué de souvenirs qu’à une demi-douzaine d’adeptes qui ont pris la ferme résolution de ne rien oublier, je ne peux me refuser à prolonger cette liste baroque jusqu’à une époque un peu plus rapprochée de celle où j’écris. Ce seroit faire tort aux deux premiers siècles de l’imprimerie que d’enclore dans leur courte durée l’éternelle dynastie des fous littéraires, si vivante et si florissante dans les deux siècles qui les ont suivis ; et je manquerois précisément en cela le principal objet de ma revue, qui est tout à la gloire des progrès de la déraison, du radotage et du mensonge, sous la souveraine influence de la typographie. Je reviendrai donc dans un article prochain à cette prodigieuse maladie livresque pour laquelle les médecins philosophes n’ont pas encore inven-