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Il seroit donc fort rigoureux à mon avis, et je ne saurois trop le répéter, de chicaner l’Académie-Françoise sur ces deux concessions qu’elle n’a pu refuser à l’esprit du temps. À force d’entendre dire que l’intelligence humaine étoit en progrès, l’Académie-Françoise a dû croire qu’il en étoit de même du langage ; car l’Académie-Françoise est composée d’hommes, et les hommes croient tout ce qu’on leur dit.

Si pourtant l’Académie a laissé à la critique une part qu’elle n’auroit pu lui enlever sans lui en abandonner une autre, elle a offert à la saine lexicographie une compensation immense dans les améliorations notables de cette sixième édition. Des additions innombrables prescrites par l’usage, et confirmées par l’autorité des bons écrivains les plus récents ; des définitions plus exactes, ordinairement plus claires, et quelquefois plus correctes ; une multitude d’acceptions oubliées, restituées à leur place naturelle, et justifiées par des phrases d’exemple bien faites, ou empruntées aux formes les plus vulgaires et les plus accréditées du langage des gens qui parlent bien, donnent à cette édition vraiment classique un avantage considérable sur toutes celles qui l’ont précédée. Le Prospectus publié par MM. Didot, et que la publication du Dictionnaire doit suivre de près, renferme un curieux Specimen de ces augmentations que le mouvement des esprits et des idées a rendues essentielles, mais qu’un sage esprit de discussion et de critique a maintenues partout dans de justes bornes. Il est fâcheux que cet échantillon soit entaché, dès son commencement, d’une faute malheureusement trop commune, consacrée par l’autorité des éditions antérieures, et que je n’ai pas évitée dans ma laborieuse révision du Dictionnaire de Boiste. Ce n’est que par un oubli condamnable du principe étymologique des mots qu’on