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nouvelles remarques grammaticales, qui sont pour la plupart fort judicieuses.

Le plus recherché de ces utiles et singuliers bouquins est le Dictionnaire des Halles, Bruxelles, Foppens, 1696, in-12, mais évidemment imprimé à Paris, qui est aussi, comme de juste, attribué à Furetière défunt, et dont l’auteur véritable est un nommé Artaud, si l’on peut appeler auteur le copiste famélique qui découpe à coup de ciseaux de pareilles compilations pour revendre à la presse un livre imprimé. J’ai vu vendre et j’ai payé ce volume plus cher qu’aucune des anciennes éditions du Dictionnaire de l’Académie, quoiqu’il ne contienne que l’extrait incorrect et tronqué des phrases proverbiales et populaires que l’Académie a jugé à propos de recueillir, et quoique l’auteur prétendu n’y soit en tout que pour un avertissement de huit feuillets fort impertinents et fort mal écrits. Les Curiosités françoises d’Oudin, Paris, 1640, in-8o, qui sont dix fois plus rares, dix fois plus importantes et plus complettes, et que l’Académie-Françoise elle-même a diligemment suivies dans son travail, sauf de nombreuses et prudentes réticences dont on comprend très bien le motif, sont loin d’avoir le même prix aux yeux de nos savants amateurs. Il faut convenir cependant que cet abrégé, si aisé à faire, a du moins l’avantage de commodité et de propriété que présentent les Dictionnaires spéciaux, et qu’il auroit pu faire apprécier à l’Académie ce procédé naturel et facile, qui consiste à séparer la langue triviale de la populace de la langue classique des gens éclairés. Il en seroit ainsi de toute nomenclature et de toute phraséologie qui ne sont entrées que par une adjonction plus ou moins forcée dans la langue usuelle ; encore faudroit-il y joindre le Dictionnaire de ces mots obscènes et grossiers que la pudeur des Dictionnaires d’un usage universel a très