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faire représenter toutes les querelles par des noms propres. Il est cependant certain que Furetière, préoccupé des travaux de son entreprise, qui étoient incalculables, et dont le cadre effrayeroit aujourd’hui le plus jeune, le plus robuste et le plus patient de nos lexicographes, n’écrivit, à très peu de chose près, que ce qu’il ne pouvoit se dispenser d’écrire dans l’intérêt de sa défense. Il faut en excepter toutefois le badinage intitulé : Les Couches de l’Académie, plan d’un poème allégorique et burlesque, dont la forme rappelle trop la Nouvelle allégorique des troubles du royaume d’Éloquence, pour n’être pas de la même main, et qui se trouve imprimé d’ailleurs avec le troisième Factum. C’est un persifflage assez froid dans ce goût d’allusion métaphorique, dont la fameuse Carte du Tendre avoit donné l’idée au servile troupeau des imitateurs, et qui a produit une multitude de volumes dont le plus grand nombre n’est point parvenu jusqu’à nous. Il y a pourtant dans cette bagatelle quelque chose de l’esprit des Factums, c’est-à-dire, beaucoup plus d’esprit qu’il n’en faudroit maintenant pour défrayer la réputation d’un ouvrage d’un meilleur goût.

L’Apothéose du Dictionnaire de l’Académie, imprimée sous le titre de La Haye, 1696, in-12, n’est certainement ni de Furetière ni de Richelet dont les erreurs y sont quelquefois très justement rectifiées. Une note manuscrite du temps la donne au sieur Chastein, selon M. Barbier, et l’abbé d’Artigny rapporte dans ses Mémoires, sur le témoignage de l’abbé Tricaud de Belmont, qu’elle avoit été composée par un ecclésiastique détenu au château de Pierre-Encise. Ce petit livre, moins rare que les Couches de l’Académie, mais plus curieux et plus utile, renferme une centaine de remarques critiques dont près de la moitié sont excellentes, et l’Académie en a fait sagement son profit. Il est seulement à regretter que l’au-