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DES ARTIFICES
QUE CERTAINS AUTEURS ONT EMPLOYÉS
POUR DÉGUISER LEURS NOMS.
[PAR M. CH. NODIER.]


Je n’ai pas dessein de recommencer ici en quelques pages le long volume d’Adrien Baillet sur les auteurs déguisés. C’étoit, à vrai dire, un sujet singulier et piquant, et tel même qu’Adrien Baillet l’a traité, la matière d’un livre aussi amusant qu’instructif pour les lecteurs qui s’occupent d’histoire littéraire et de bibliographie. Malheureusement l’histoire littéraire du temps de Baillet se réduisoit aux faits qui intéressent la philologie des langues classiques, seule étude en France du seizième et du dix-septième siècles. Aujourd’hui que la langue démotique et la langue hiératique des Égyptiens ont détrôné jusqu’au Chinois, et que le règne des abstracteurs de quintessence grégeoise et latiale est irrévocablement passé, les auteurs cryptonymes de Baillet ne sont ni plus ni moins connus sous un de leurs noms que sous l’autre, et il n’y a guères d’érudits émérites, même à l’académie des inscriptions et belles-lettres, qui se soucient plus de Politien que d’Ange Bassi, et de Volaterran que de Raphaël Maffei. Ce que nous voudrions savoir maintenant, c’est le secret du déguisement de ces auteurs surannés