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mais les hommes n’y peuvent rien. Dieu a voulu que les uns prononçassent schibolett et les autres sibolett, et jamais comité d’arrondissement ne s’est rencontré qui pût les forcer à se désister de cette résolution. On parlera long-temps après vous le languedocien qui vous déplaît, le basque et le bas-breton, qui sont des langues plus spéciales, je ne sais pas si vous le savez, et qui ont l’avantage de posséder des grammaires très bien formulées. Et puis on parlera d’autres langues encore que l’Université n’aura pas faites, et que vous n’entendriez ni plus ni moins que les langues du passé. — Et puis, on ne parlera plus des universités, des recteurs et des comités d’arrondissement. C’est le train éternel des choses du monde !

Non, messieurs ! aucune langue ne mourra de mort légale et juridique, en face d’un lycée, garottée, bâillonnée, plastronée d’un écriteau de condamnation barbouillé sur le pupître d’un pédant ! Jamais un recteur, assisté de deux cuistres, ne la jettera dans l’éternité, au nom du roi et de justice ! Les langues sont plus vivaces : on ne les tue pas.

Laissez-nous donc les patois, s’il vous plaît, messieurs de Cahors ! Laissez-les nous par grâce ! ils nous dédommageront du moins un peu du bon françois qu’on fait aujourd’hui !