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me ?)  ; et il n’a pas considéré que cet axiome si intrépidement établi n’a d’autorité ni dans l’histoire des anciens, ni dans l’histoire des modernes ; qu’il a été démenti par les quatre souverains les plus imposans de tous les siècles, Alexandre, Auguste, Charlemagne et Napoléon : qu’à le réaliser, si faire se pouvoit, il mettroit la parole humaine à la merci de la plus sotte des dictatures, celle des phrases de la tribune et des barbarismes du bureau ; que cette unité de langage, incompatible avec l’influence inappréciable des localités, avec la poésie intime des peuples, avec les facultés organiques de l’homme comme avec ses inspirations, et qui est bonne tout au plus à égayer d’un ridicule divertissant les folles utopies des linguistes, opposoit d’ailleurs aux efforts de tous les comités d’arrondissement du monde une petite difficulté qui mérite d’être prise en considération, une seule difficulté, je vous jure, mais une seconde difficulté du même genre seroit de trop. C’est qu’elle est impraticable et impossible.

Il a considéré que les dialectes méridionaux, quelque respectables qu’ils nous paroissent comme héritage de nos ayeux (mille grâces lui soient rendues pour cette concession obligeante !), n’ont pu s’élever au rang des langues écrites ; qu’ils n’ont pas su formuler une grammaire ni fixer une orthographe ; qu’ils n’ont produit aucun ouvrage remarquable, et que leur usage habituel a été signalé par des bons esprits comme une des principales causes de la supériorité littéraire du nord de la France sur le midi. — On comprend bien que je copie toujours. Ces choses-là ne s’inventent pas.

Et ici, les bras tombent d’étonnement, j’allois presque dire de terreur ; ce qui m’autorise à varier la forme de l’examen que j’ai entrepris, pendant que je reprends péniblement haleine sur le sommet de cette période pyramidale.

Quoi ! les dialectes méridionaux n’ont pu s’élever au rang des langues écrites, pas même dans les délicieuses poésies des troubadours, pas même dans ces belles épo-