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INTRODUCTION

pinceaux d’une fourrure de zibeline, pesant au bas d’un manteau, et, un soir, des volants de dentelles s’éteignirent en rougeoyant entre les mains empressées de spectateurs moins fâchés contre moi qu’ils n’étaient émus.

Il est vrai que mon intrépidité n’ignorait pas ce que l’audace et le péril ajoutent de séduction à la faiblesse féminine. La pusillanimité réelle ou feinte, les défaillances, les cris ont le même prestige : je ne m’en privais pas non plus. N’étant encore que toute petite fille, je souhaitais attirer la tendresse des hommes, les inquiéter, être sauvée par eux, mourir entre tous les bras…

Je ne me dissimule pas la difficulté que j’aurai à raconter mes souvenirs. Plus la mémoire est vivace, colorée, rigoureusement fidèle, plus il serait opportun de lui imposer une démarche bien réglée. Elle veut bondir, tout offrir, s’élancer, retourner en arrière ? Soyons indulgents envers sa tâche, accordons-lui la liberté. De préférence à un récit ordonné, présentons les sinuosités de la pensée, qui se divise en même temps qu’elle se développe ; reproduisons la palpitation de l’instant même où nous combattîmes contre les circonstances ou fîmes alliance avec elles. Combien de fois ai-je soupiré, du fond de ce lit où, dès mon adolescence, j’ai supporté de cruels languissements : « Ah ! si je pouvais envoyer ma